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l’approche centrée sur les solutions

Dernière mise à jour : 25 févr. 2021

Grande remise en question dans la relation d’aide : des thérapeutes ont constaté qu’il n’était pas utile de parler des problèmes des patients. Ainsi est née l’Approche centrée sur les solutions (ACS).


Article de Francesca Sacco pour l'Echo illustré - 2011


Des psychologues américains ont mis au point une nouvelle approche thérapeutique qui consiste à… ne pas chercher à analyser les problèmes de leurs patients. « C’est l’un des aspects les plus choquants de notre approche : nous n’avons pas besoin que les gens nous expliquent ce qui ne va pas pour pouvoir travailler avec eux. Ce qui nous intéresse, c’est de partir à l’exploration de leurs idées de solutions », affirme l’une des pionnières de celle nouvelle méthode, Insoo Kim Berg, dans une vidéo sur internet.


Souvent qualifiée de révolutionnaire, l’Approche centrée sur les solutions (ACS) est enseignée en Suisse depuis quelques années, au Centre d’études et de formation continue (CEFOC), à Genève, ainsi qu’au Centre de recherches familiales et systémiques (CERFASY), à Neuchâtel. Une première consultation privée a récemment été ouverte à Bulle par la psychologue fribourgeoise Isabelle Aurora. Mais c’est surtout dans l’aide sociale aux familles, la gestion d’équipes et la direction de projets en entreprise, qu’on pratique actuellement l’ACS en Suisse romande. Parmi les utilisateurs, citons la Fondation officielle de la jeunesse (FOJ) et l’entreprise sociale d’insertion professionnelle l’Orangerie, à Genève, le cabinet de consultants Vicario Consulting à Lausanne, ou encore la société de coaching New Perspectives à Sion.


L’ACS bouleverse la conception traditionnelle de la relation d’aide : on ne parle plus des problèmes, mais des solutions – celles qui viennent du patient et non pas du thérapeute. Formateur au CEFOC, Harry Korman résume ainsi l’approche conventionnelle : « Le patient a un problème, il ne sait pas comment le résoudre, donc il va consulter un spécialiste qui pourra lui expliquer ce qu’il faut faire. » Cela ne peut pas fonctionner ainsi, affirment les psychologues américains Steeve De Chazer et Scott D. Miller, pionniers de l’ACS avec Insoo Kim Berg. Aucun thérapeute, aussi expert soit-il, n’est en mesure de savoir mieux que son client ce qu’il convient de faire.


Remettant en cause ce rôle tout-puissant attribué au professionnel de la relation d’aide, Steeve De Chazer et Scott D. Miller ont démontré que l’expertise technique de ce dernier n’entrait que pour 15% dans le succès d’une psychothérapie. Une grande maîtrise professionnelle serait même associée à une moindre efficacité ! Les principaux critères de réussite sont la qualité de la relation et l’état d’esprit des protagonistes. Steeve De Chazer et Scott D. Miller ne concluent pas pour autant à l’inutilité de l’aide spécialisée. Selon eux, cela signifie surtout que les patients sont capables de saisir n’importe quelle perche. D'où le titre d'un ouvrage de référence sur l’ACS : « Le client, héros de la thérapie ».


Le travail du praticien consiste à explorer les ressources du patient en lui faisant confiance pour trouver et mettre en œuvre ses propres stratégies. « Qu’avez-vous réussi à faire aujourd’hui ? », « Comment vous y êtes-vous pris pour y arriver ? », sont des exemples de questions courantes. Partant du principe qu'un problème ne peut pas être présent en permanence ni se manifester toujours à la même intensité, il cherchera les exceptions : « Il y a forcément des moments où cela va mieux. Décrivez-moi lesquels », « Expliquez-moi ce que vous faites dans ces moments-là ». Au deuxième rendez-vous, il demandera : « Pouvez-vous me dire ce qui va mieux depuis la dernière fois ? »


L’ACS n’a rien à voir avec la méthode Coué, qui repose sur l’autosuggestion. En revanche, elle part du principe qu'il est utile d’avoir confiance en nos capacités à trouver des solutions. Les Alcooliques Anonymes le disaient déjà dans les années 70 : « Parler des problèmes amplifie les problèmes. » Plus on ressasse ce qui ne va pas, plus on se triture les méninges pour tenter de comprendre le pourquoi du comment, plus les difficultés paraissent importantes. Le risque est de s’enliser dans la plainte. Ce mécanisme, étudié aux Etats-Unis par Steeve De Chazer et Scott D. Miller, a également été observé en France par le psychanalyste et ancien jésuite François Roustang, dans un livre intitulé « La fin de la plainte ». L’auteur y décrit cette « insatiable plainte » à laquelle le psychothérapeute, en sa qualité d’expert, est censé mettre fin. Une parfaite illusion, puisque personne ne peut aller mieux à la place de quelqu’un d’autre.


Fait révélateur, les patients commencent souvent par demander au thérapeute ce qu’ils doivent faire, avant de s’interroger sur ce qu’ils ont envie de faire. L’objectif du praticien, explique François Roustang, est de leur permettre d’entrevoir que la question n’est peut-être pas tant de savoir quoi faire, mais de retrouver le sentiment d’avoir une liberté de choix. Roustang va plus loin encore. Il affirme que le but n’est pas d’aider le patient à guérir ou de l’amener à se tourner vers la vie plutôt que vers la mort: « Nous voulons juste qu’il en décide. »

 

L’approche centrée sur les solutions (ACS), comment ça marche ?


L’ACS est une technique de relation d’aide sur la mise en valeur des habiletés du patient. Les praticiens estiment que :

  • parler des problèmes ne résout pas les problèmes (il est bien de voir les problèmes, mais regarder les solutions est plus utile),

  • il n’est pas nécessaire de connaître la cause d’un problème pour le résoudre,

  • toute personne est capable d’imaginer des solutions pour améliorer la situation dans laquelle elle se trouve,

  • cette capacité augmente lorsque l’accent est mis sur ce que la personne réussit à faire,

  • les solutions n’ont pas forcément de lien apparent avec le problème : une situation peut très bien se débloquer par une voie inattendue ou détournée,

  • les problèmes ne se manifestent jamais en permanence, ni toujours à leur intensité maximale : il existe donc des exceptions, qu’il est très utile d’explorer.

 

L’idée centrale de cette méthode, c’est que les gens ont vraiment envie que leur vie s’améliore»


Trois questions à la psychologue fribourgeoise Isabelle Aurora, spécialisée en approche centrée sur les solutions (ACS).


Qu’est-ce qui vous a incité à choisir cette méthode ?

Lorsque je l’ai découverte, je me suis tout de suite sentie en accord avec les valeurs qu’elle défend. Cette méthode est basée sur le respect et l’humilité. Le thérapeute n’est pas un expert en questions existentielles, il ne donne pas de solutions à son client. Nul ne connaît mieux le client que le client lui-même. L’expertise du professionnel se situe dans la façon de poser des questions pour que la personne découvre ses compétences et ses habiletés. Souvent, le client n’a pas conscience de ce qu’il fait déjà pour aller mieux. Là est mon rôle.


Comment expliqueriez-vous cette méthode ?

Je dirais qu’on se concentre sur ce qui fonctionne. Parler des problèmes créé des problèmes, parler des solutions créé des solutions. En ce sens, il n’est pas besoin de comprendre un problème pour en sortir. Il me paraît plus utile d’explorer les ressources de la personne. Une fois qu’elle a repéré ce qui marche, elle peut l’expérimenter dans la vie de tous les jours.


Pouvez-vous préciser un peu la façon dont réagissent les clients ?

Ils sont tout d’abord surpris que je ne leur donne pas de recettes. Ensuite ils se mettent au travail (Rire). Le plus souvent, l’effet que l'ACS produit sur les clients est de l’ordre de la surprise : « Tiens, j’arrive à faire ça! » Je suis frappée par leur avidité à essayer des choses pour aller mieux. Ils comprennent très vite ce qui est intéressant et utile pour eux. Bien souvent, je me dis qu'ils sont vraiment géniaux et créatifs. L’idée centrale de cette approche, c’est que les gens ont vraiment envie que leur vie s’améliore. Mais j'hésite à entrer dans les détails techniques, parce que je n’aimerais pas intellectualiser cette approche qui pose justement le principe qu’il n’est pas nécessaire de comprendre les problèmes.

 
 

Pour en savoir plus :

« Le client, héros de la thérapie », B.L. Duncan, S.D. Miller, éditions Satas

« La fin de la plainte », François Roustang, éditions Odile Jacob


Les adresses :

Consultation privée : Isabelle Aurora, psychologue FSP

Adresse : place des Alpes 26, 1630 Bulle,

Contact : 079 910 02 91

Site web : aurora-psy.ch

 

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