top of page
  • Photo du rédacteurIsabelle Aurora

Approche centrée sur la solution au foyer du Grand-Saconnex

Dernière mise à jour : 26 févr. 2021

par Bastien Carrillo et Isabelle Aurora, éducateurs


Article paru dans le journal Trait d'union en décembre 2010



A l’instar de tous les foyers de la FOJ, le foyer du Grand-Saconnex s’inscrit dans la volonté d’offrir aux parents des jeunes qui y sont placés un soutien et un accompagnement dans leur rôle éducatif. Depuis deux ans, cette déclaration d’intention prend tout son sens, à travers la volonté conjointe de l’équipe et de la direction du foyer de modifier le mode de prise en charge des usagers et de leurs familles.


Ce changement est intervenu par le biais de différents facteurs, dont les principaux sont, pour l’équipe, une accumulation de fatigue et le sentiment d’être allé au bout d’un fonctionnement menant souvent à l’impuissance, et pour la direction, l’intention claire de travailler en toute transparence avec les parents et, ce faisant, de leur rendre leur pouvoir de partenaire impliqué autant que les professionnels dans le projet de prise en charge de leur(s) enfant(s).


Une méthode de travail un peu différente s’est alors imposée d’elle-même, tant elle s’appuie sur des valeurs et des préoccupations qui correspondent à ceux de l’équipe et de la direction : l’approche centrée sur la solution. Derrière ces mots qui sonnent bien ou qui font sourire se cachent en réalité des principes simples : Ne réparer que ce qui est cassé, faire davantage de ce qui marche, ne pas refaire ce qui ne marche pas. Appliquées en premier lieu dans les entretiens avec les jeunes et leurs familles, les lignes directrices ont peu à peu gagné la prise en charge quotidienne et remis en question les unes après les autres les règles (ancestrales) de fonctionnement du foyer.


Ne réparer que ce qui est cassé, faire davantage de ce qui marche, ne pas refaire ce qui ne marche pas

Rendre à chacun la responsabilité de sa propre situation – et donc ne pas prendre ce qui ne nous appartient pas, rechercher puis s’appuyer sur les ressources et les compétences des personnes, clarifier les rôles et donner aux gens les moyens d’assumer le leur - en leur demandant leur aide et en les consultant, prendre les gens là où ils sont, travailler sur l’avenir en s’appuyant plus sur le présent que sur le passé, telles sont les intentions qui guident aujourd’hui le travail mené au foyer.


Concrètement, cela peut s’illustrer par des modifications dans les questions que l’on pose aux gens, par exemple nous essayons d’éviter :


Les questions fermées:

Est-ce que Nadia s’occupe de ses frères ?

Alternative:

Comment ça se passe quand Nadia est avec ses frères ?

 

Les questions orientées:

Ne pensez-vous pas que vous devriez…

Alternative:

Dans cette situation, qu’avez-vous pensé faire ?


Vous désirez être un bon père, n’est-ce pas ?

Alternative

Qu’est-ce qui, selon vous, vous fera dire que vous devenez un meilleur père pour votre fille ?

 

Les questions sur les causes et les raisons

Pourquoi cela ne se passe pas bien avec votre fille ?

Alternative

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez avec votre fille ?


Pensez-vous que c’est à cause de sa maman que Nadia ne veut pas vous voir ?

Alternative

Comment, selon vous, la maman de Nadia pourrait vous aider à améliorer la relation avec votre fille ?

 

Dès lors, nombreux sont les changements visibles et concrets qui sont intervenus. Pour les jeunes, cela implique de créer avec eux un projet personnalisé qui prend en compte leurs besoins, leurs envies et leur compétences, et qui s’attache à définir de petits objectifs, atteignables à court terme et jalonnant le chemin vers un ou des objectifs de placement à plus long terme. Pour cela, les jeunes doivent apprendre à endosser leurs responsabilités et assumer la part de travail qui leur revient. Ils prennent petit à petit conscience qu’ils sont détenteurs de leurs propres solutions pour atteindre leurs buts et nous fournissons le cadre pour qu’ils les expérimentent. Ecouter sérieusement leurs propositions, les aider à les ajuster à la réalité de leur situation et leur permettre de les mettre en oeuvre amène bien souvent à un résultat bien meilleur que si nous avions nous-mêmes formulé des solutions.


Pour les parents, les mêmes principes sont appliqués, leur donnant ou leur redonnant le pouvoir d’agir sur leur situation. Le postulat de départ est que les gens sont eux-mêmes experts de leur propre situation et que personne d’autre ne peut mieux dire ce qu’il est nécessaire de changer pour établir, ou rétablir, une situation familiale satisfaisante. L’expertise du professionnel se trouve alors dans la capacité à écouter et guider les gens vers les ressources qu’ils ont et dont ils n’ont parfois pas ou plus conscience, et à leur permettre de s’appuyer sur leurs compétences pour atteindre les buts qu’ils se sont fixés.


Pour l’équipe, il est alors devenu nécessaire de « lâcher » un certain nombre de choses et d’apprendre à travailler avec l’instant présent. L’un des exemples les plus frappants est celui d’un père qui trouvait toujours de bonnes raisons de ne pas venir lors des entretiens au foyer car il n’avait pas le temps, mais qui prenait toujours un moment pour discuter lorsqu’il ramenait son fils le dimanche soir. Prenant en compte sa disponibilité, nous avons alors fait des entretiens à ce moment-là, de manière moins formelle mais tout aussi efficace, autour d’un café ou sur le coin d’une table.


Mais tout ceci ne s’est pas fait (et ne se fait toujours pas !) sans difficultés et l’équipe est passée par bien des états induits par ces changements: l’instabilité, la peur, l’incertitude, mais aussi le tâtonnement, l’expérimentation…En contrepartie, la créativité des jeunes et de leurs parents, l’intensité des relations et le plaisir de les partager, la surprise face à la capacité des gens de s’en sortir, l’augmentation des opportunités de travail à travers les entretiens téléphoniques ou les cafés partagés avec les parents, tout cela nous encourage, jour après jour, à aller vers ces changements et à accepter la prise de risque.


Tout ceci pose énormément de questions et, à force d’en parler, nous nous sommes rendus compte que d’autres personnes et institutions s’intéressaient à l’approche centrée sur la solution à Genève. C’est donc dans le but de partager les questionnements et de réfléchir avec des partenaires de différents horizons qu’une plateforme, intitulée Pratiques de l’Approche Centrée sur la Solution, a été mise sur pied. Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à consulter le blog (http://wp.foj.ch/acs) et à participer à ces discussions !

 
 

Pour en savoir plus

Consultation privée : Isabelle Aurora, psychologue FSP

Adresse : place des Alpes 26, 1630 Bulle,

Contact : 079 910 02 91

Site web : aurora-psy.ch

 

66 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page