Dit simplement, Alter ego est un espace de réflexion mis à disposition des collaborateurs et collaboratrices de la Fondation Officielle de la Jeunesse en cas de problème personnel ou professionnel. Ce dispositif est géré par Isabelle Aurora qui fut éducatrice à la FOJ.
Toute personne employée à la FOJ peut solliciter un entretien en face à face, par téléphone ou en visioconférence. Les échanges visent à offrir une écoute, un soutien et un accompagnement bienveillant, dans le strict respect du secret professionnel. Intégré dès 2017 dans les mesures de soutien aux collaborateurs, l’espace Alter ego est gratuit pour les usagers, totalement confidentiel. Le dispositif est géré par Isabelle Aurora, psychologue formée en thérapies brèves et ancienne éducatrice de la FOJ.
Isabelle Aurora a participé à l’introduction de l’Approche centrée solution (ACS) au sein de la FOJ, en 2008. Elle a également contribué, avec l’équipe éducative du Grand-Saconnex, à la rédaction d’un livre sur l’application de l’ACS dans le champ de l’éducation. Intitulé « Tout va bien, nous sommes paumés ! » et publié en 2014 aux éditions L’Instant Présent, cet ouvrage témoignait des premières expériences des éducateurs de la FOJ avec l’ACS. Nous lui avons posé trois questions.
Quand vous avez créé Alter ego, à quel besoin vouliez- vous répondre?Dans ma propre expérience d’éducatrice, j’ai pu bénéficier de divers espaces de soutien et d’apprentissage collectifs, comme la supervision, les colloques ou l’intervision. Ce sont des outils indispensables dans nos métiers de la relation d’aide et d’accompagnement. Cependant, j’ai trouvé qu’il manquait un espace de travail individuel, où les personnes peuvent réfléchir à leur situation, à leur pratique, afin d’explorer leurs propres idées de solution pour faire face à leurs difficultés personnelles et professionnelles ; et ceci, comme dans une démarche privée, c’est-à-dire sans devoir en référer à qui que ce soit (contrairement à la supervision individuelle). Il suffit à la personne de prendre contact avec moi. En revanche, l’espace Alter ego n’est pas un lieu pour la médiation ou la gestion d’un cas de harcèlement par exemple, ce qui concernera plutôt le groupe de confiance de la FOJ.
Quels ont été vos modèles d’inspiration, vos références?
J’ai été conquise par l’éthique exigeante et le positionnement très respectueux qui sous-tendent l’ACS, et aussi par ses aspects pragmatiques dans sa façon de concevoir l’accompagnement. J’utilise également des outils liés à l’affirmation de soi, à la clarification de ses limites personnelles et à la gestion de ses ressources.
Que remarquez-vous dans vos consultations?
Souvent, les gens qui s’adressent à moi se sentent immobilisés et impuissants face à leur situation. Moi, je les vois comme des personnes courageuses et pleines de ressources. La première chose qui me frappe, c’est qu’elles sont tout à fait capables de dire ce qui ne va pas et ce qu’elles veulent voir de différent dans leur vie. Les théories et les diagnostics ont donc peu d’importance dans mon travail. Ensuite, on choisit délibérément de se concentrer sur ce que l’on veut (au lieu d’analyser le problème). Du moment où la personne a identifié ce qui l’aide à avancer, elle peut l’expérimenter dans sa vie quotidienne. L’idée est d’instaurer un cercle vertueux, où la personne est à nouveau dans son pouvoir d’action. En tant qu’intervenante, je ne me considère pas comme experte en problèmes existentiels, c’est-à-dire que je ne peux pas donner de solutions. En revanche, je possède une expertise dans la technique de questionnement pour aider les personnes à définir la direction qu’elles souhaitent prendre, et explorer avec elles leurs propres ressources et compétences pour mettre en œuvre le changement. Proposer un espace où on peut ralentir et penser en toute sécurité son projet personnel, c’est là que se situe mon rôle.